Chambre C-37

On voulu les séparer. Henry tentait de garder Vanessa contre lui et il fallut plusieurs personnes pour qu’il la lâche. Il la vit se faire emmener et l’entendit crier. On tenta ensuite de lui prendre le bébé, ce qui fut beaucoup plus compliqué. Il en fallut beaucoup pour réussir à maitriser Henry qui était complètement déchainé. Sans la présence de Vanessa, il aurait sûrement tué plusieurs personnes. Il ne comprenait pas pourquoi on voulait lui enlever Elliot. Dans son esprit, il devait le protéger et, évidemment, Henry était prêt à tout pour empêcher qu’on lui fasse du mal. On finit par le coincer pour prendre l’enfant qui s’était remit à hurler, comme s’il avait pu comprendre la situation. Henry se mit à frapper sur tout ce qui bougeait. Il voyait rouge mais se fit rapidement maitrisé. On dû lui donner des calmants pour pouvoir le transporter jusqu’à l’hôpital sans qu’il ne tue quelqu’un. Se fut un peu plus compliqué que prévu par la suite… Malheureusement, une fois que les calmants eurent cessés leur effet, alors qu’on avait enfermé Henry dans une chambre, tout se mit à geler puisque Vanessa n’était pas là et qu’il était dans un état très instable. La pièce se retrouva couverte de glace et il y faisait aussi froid que dans un congélateur. Un psy voulu entrer mais n’arrivait pas à ouvrir la porte, il fallait donc trouver une solution pour contrer toute cette glace. Ils augmentèrent le chauffage jusqu’à ce que la glace ne puisse plus se répandre et se mette donc à fondre à la longue. Évidemment, cette chaleur faisait souffrir Henry mais c’était la seule façon de pouvoir être relativement en sécurité avec lui. La docteur finit donc par réussir à entrer. Il amena une chaise pour s’asseoir face à Henry qui était recroquevillé sur le sol.

- Monsieur Stone ?

Aucune réaction.

- Monsieur Stone, est-ce que vous m’entendez?

Henry releva la tête pour regarder le docteur. Il se serait bien jeté sur lui pour l’étrangler mais la chaleur l’étouffait et rendait ses mouvements difficiles.

- Est-ce que vous comprenez la situation ? Nous vous avons amené ici pour vous aider mais pour ça nous devons savoir ce qui est arrivé.

Silence.

- Je sais que c’est difficile…il faut en parler. Je suis là pour vous mais si vous ne me dites rien, je ne peux pas deviner le problème.

Henry demeurait muet en serrant les poings, ce que le psy remarqua.

- Vous êtes en colère ? Est-ce que c’est parce que vous n’êtes pas content d’être ici ? Vous vous inquiétez de ce qui va vous arriver ? Non…pour votre famille ?

La réaction fut immédiate. Henry se jeta sur le psy. Heureusement, les hommes qui l’accompagnaient maitrisèrent le policier. Un peu sous le choc, quoiqu’il s’attendait à ce genre de réaction, le docteur sorti. Henry se retrouva seul. Il aurait voulu serrer Vanessa dans ses bras…il n’avait plus rien à quoi s’accrocher. Il marcha un peu dans la chambre avant de se coucher, serrant l’oreiller contre lui. Tant de scènes défilaient…Les funérailles de son père, le corps de son ami en sang dans la rue, le corps couvert d’ecchymoses de sa petite amie, l’accident de voiture, l’hôpital, le policier qu’il a tué, le conseil de discipline, l’arrivé à Keth, Vanessa, la prise d’otage, la mort de Mona et…ce qui venait d’arriver. Tout se confondait dans son esprit. Il sentit alors le matelas bouger, comme si quelqu’un venait de s’asseoir dessus. Il ouvrit les yeux pour voir qu’un homme était effectivement assis au bout du lit. Le policier se redressa pour s’asseoir dans le lit, tenant toujours l’oreiller dans ses bras, et remarqua qu’un autre homme était dans la pièce.

- Pauvre petit Henry.

Cette voix...c’était lui! Il n’avait peut-être pas toute sa tête mais son instintc était encore efficace, ce qui fit qu’il voulu se jeter sur Edward mais celui-ci pointa rapidement une arme sur lui, très bonne raison de se tenir tranquille.

- On se calme. Ça ne sera pas trop long.

La porte s’ouvrit alors. Henry entendit Edward jurer.

- Je vais bien finir par te tuer !

Les deux hommes disparurent alors que le psy était entré juste à temps.

- Oh mon dieu…qui c’était ? Ils n’ont pas le droit d’être ici !

Le docteur ressorti pour s’informer auprès de la sécurité de ce qui venait de se passer. Henry tremblait…il était foutu. Au moins, loin d’Elliot et Vanessa il ne leur causerait pas de problèmes. Mais il ne voulait pas mourir, il voulait sa famille…ses craintes venaient de se confirmer, les Black Wings avaient décidé de le tuer, ce qui expliquait bien des choses. Il se retourna dans le lit pour entendre un bruit. Se redressant un peu, il vit qu’il était couché sur un papier, certain qu’il n’était pas là avant, il le prit et lu ce qui était écrit.


Oh non…ça recommençait…la mort d’Ariel n’avait pas suffit, il devait revenir le hanter à travers ce garçon qui se prétendait chef des Black Wings. Ça n’aida pas du tout Henry et c’était sûrement fait pour. Il voulait s’en aller…retrouver une petite vie tranquille…Il se mit à frapper dans la porte, aucun résultat. Henry se mit alors à jeter tout ce qui lui tombait sous la main sur la porte…on ne le laissa pas faire très longtemps. Après tout, en continuant ainsi il aurait pu se blesser. On lui passa la camisole de force pour qu’il se tienne tranquille. Le docteur passa plusieurs fois, aucune amélioration…il semblait même aller de plus en plus mal et pour une fois les apparences n’étaient pas trompeuses car malgré son mutisme, il délirait. Ses pensées s’égaraient à droite et à gauche et il réalisa rapidement qu’il n’y avait plus de sens à toutes les visions d’horreurs qui se formaient devant lui.

On avait finit par détacher Henry qui se tenait tranquille lorsqu’on le laissait seul. Il était allongé sur son lit lorsqu’il senti la chaleur s’en aller petit à petit. Il entendit ensuite une voix qu’il cru être familière mais tout était tellement confus dans son esprit qu’il n’arrivait pas à trouver qui ça pouvait être. Claudia ? Son frère ? Ah oui…euh peut-être pas finalement. Soudainement, la glace se mit à se répandre dans la pièce. Henry commençait à se sentir mieux alors que la température continuait à chuter. Il s’assit sur le lit et regarda Claudia. Depuis qu’on l’avait enfermé, il n’avait pas dit un mot. Il avait certes attaqué plusieurs personnes et c’était ainsi que les psys tentaient de comprendre ce qui se passait. Ils essayaient de le faire réagir. Elle lui demandait ce qui c’était passé…les images lui revinrent aussitôt et il se mit à trembler, attrapant son oreiller et le serrant dans ses bras

*Vanessa…ce n’est pas vrai…ils sont parti…c’est fini…ils vont revenir…ça va recommencer…*

Henry se plaqua les mains contre les oreilles pour ne plus entendre les gémissements…et pour ne plus entendre Elliot hurler. Mais c’était dans sa tête…ça continuait et il ne pouvait rien faire pour arrêter. Il se recoucha sans cesser de se boucher les oreilles. Il voulait sa famille…où est-ce qu’ils étaient ? Pourquoi Vanessa n’était pas là ? Est-ce qu’il lui était arrivé quelque chose ? C’était de sa faute…il ne les avait pas protégé…il avait échoué…Et si c’était les Black Wings…peut-être qu’ils étaient morts ? Pourquoi est-ce que ces sons continuaient dans sa tête ! Il se mit à se frapper la tête contre le matelas. Heureusement, il ne pouvait pas vraiment se faire mal ainsi. Toujours dans le plus grand silence, il se mit à pleurer. Puis, il murmura quatre mots, les seuls qu’on pouvait parfois l’entendre souffler.

- Il ne reviendra pas…

C’était ce que sa mère lui avait dit pour lui apprendre que son père était mort…quatre mots qui avaient changé sa vie, qui avaient longtemps hanté ses cauchemars et qui étaient à l’origine des problèmes d’angoisses qu’il avait. Il avait passé sa vie à tout garder à l’intérieur de lui mais il y en avait eu trop…surtout qu’il avait cessé de prendre les calmants qu’on lui avait prescrits il y a plusieurs années lorsqu’il avait été interné pour la première fois. En plus, la diminution au niveau de la drogue l’empêchait de s’évader de ses problèmes. C’était difficile d’affronter la réalité alors qu’on a passé sa vie à tout faire pour l’éviter parce qu’elle semblait de plus en plus horrible. Son état n’était que le résultat de cette accumulation.

Henry tremblait, ne cessant de chuchoter les quatre mêmes mots. Il n’entendait pas Claudia, les sons dans sa tête étaient bien plus forts que sa voix. Elle fit une grave erreur en lui passant sa main dans le dos. Ça ne le calma pas, bien au contraire. Il se retourna et lui attrapa le poignet. Elle eu peut-être un peu de chance car elle ne gela pas. Henry finit par la jeter au sol et se retrouva assis sur Claudia. Il n’était peut-être pas particulièrement fort mais la colère avait prit le dessus. Il n’était pas conscient de la réalité, pour lui, c’était une menace, un ennemi qui lui avait enlevé ceux qu’il aimait. Il ne comprenait pas que c’était la copine de son frère sinon jamais il n’aurait osé essayer de lui faire du mal. Henry ne voyait que des Black Wings, partout…ces êtres ignobles qui voulaient sa peau et qui s’attaquaient à ceux qu’il aimait.

*Il va me rendre ma famille !! JE VAIS LE TUER !!!!*

Il l’aurait sans doute frappé si des infirmiers n’étaient pas intervenus. Ils l’attrapèrent par les bras pour l’obliger à reculer alors qu’Henry c’était mis à se débattre en criant. On avait prit des précautions lorsque Claudia était entré pour le voir car on savait que le policier était particulièrement violent. Ils réussirent à le maitriser et il se calma de lui-même. Henry était particulièrement impulsif depuis quelques jours et changeait souvent et drastiquement d’état. Ce qui venait de se passer en était un très bon exemple. Il aurait pu facilement tuer Claudia sans aucuns regrets mais quelques secondes plus tard il était assis sur le sol, entouré des deux hommes, recroquevillé sur lui-même en se bouchant les oreilles. Pourquoi ça n’arrêtait pas ? Il voulait la serrer…il voulait qu’elle soit encore vivante mais au fond de lui-même, Henry était persuadé d’être complètement seul à jamais.

*Ils vont revenir…je ne suis pas tout seul…pas encore…*

C’était horrible. Ça recommençait. Il perdait tout ceux qu’il aimait, c’est à se demander pourquoi il n’était pas devenu complètement fou avant.

Les calmants firent leur effet. Henry se sentit un peu plus en contrôle de lui-même. Mais c’était toujours aussi difficile…Retrouvant un peu ses esprits, il reconnu Claudia. Il ne savait pas quoi dire, se contentant de la fixer d’un regard vide. Au moins, il pouvait réussir à comprendre ce qu’elle disait, du moins certaine parti. Quand il entendit le nom de Vanessa, n’ayant rien compris de ce qui avait précédé, son cœur se serra…où est-ce qu’elle était ? Pourquoi est-ce qu’on ne le laissait pas la voir ? Elle devait être morte… Mais ensuite, elle lui demanda s’il voudrait parler en présence de Vaness. Ça, Henry l’avait bien comprit. Au fond de ses yeux, on pu apercevoir un instant une petite lueur de vie.

- Vanessa…

Les infirmiers se regardèrent. C’était la première fois qu’Henry disait autre chose que « Il ne reviendra pas ». Déjà un pas de géant dans la bonne direction.

*Vanessa…je veux voir Vanessa…*

Il s’approcha un peu de Claudia. Est-ce qu’elle pouvait vraiment lui permettre de voir sa fiancée ? C’était d’elle dont il avait besoin…pas de tout ces psys. Henry savait qu’il ne se sentirait bien qu’avec sa petite famille.

- Je…je veux Vanessa…

Henry ne comprenait pas pourquoi c’était si exigeant de parler, il avait l’impression que les mots se coinçaient dans sa gorge, que tout ce qu’il aurait voulu hurler ne passait pas. C’était ironique. Il avait passé sa vie à se taire sur ce qui le dérangeait et maintenant qu’il voulait se vider le cœur, en finir enfin avec l’enfer qui se déroulait tout les jours dans son esprit, il n’arrivait pas à le dire. Henry se sentait complètement impuissant comme lorsqu’il avait vu les deux hommes prendre Vanessa sur le divan du salon…il ne savait plus quoi en penser…peut importe, il ne pouvait pas lui en vouloir, il avait besoin d’elle et aurait pu lui pardonner beaucoup de choses.

Lorsque Claudia s’approcha d’Henry, les infirmiers restèrent vigilants. Elle lui prit ensuite la main. Par réflexe, Henry la repoussa. Était-ce parce qu’il se pensait encore attaquer ou parce qu’il ne voulait pas risquer de la congeler ? Impossible de le savoir. Elle lui parla, il ne comprenait que quelques mots, le reste lui semblait un assortiment de sons illogiques. Henry aurait voulu lui poser tant de questions. Il aurait voulu savoir si Vanessa allait bien, si Elliot était en sécurité, s’il pourrait le revoir…tellement de choses lui venaient en tête et ça recommençait à se confondre. Plutôt brutalement, il saisit la main de Claudia. Il se mit ensuite à lui caresser le visage, comme pour s’assurer que c’était bien réel. On pouvait voir dans ses yeux que son esprit recommençait à s’égarer mais il réussit tout de même à lui dire une chose avec ce qui aurait pu sembler être un sourire qui disparut après une faction de seconde.

- Mer…merci…

Il s’éloigna ensuite rapidement, se réfugiant dans un coin de la pièce en se plaquant à nouveau les mains sur les oreilles. C’était bon signe, il avait réussi à avoir un moment de lucidité, court mais tout de même bien présent. Mais là, il était reparti dans les coins sombres de son esprit alors que tant de visages défilaient devant ses yeux. Les calmants étaient peut-être efficace…mais pour quelqu’un qui y était habitué, l’effet n’était pas particulièrement extraordinaire. Il aurait fallut idéalement forcer la dose mais ça aurait été risqué.