Flashback

Henry fixait le plafond de la chambre depuis quelques heures déjà. Il sentait le souffle régulier de Vanessa qui dormait contre lui. C’est ce qu’il aurait dû faire aussi, mais il n’y arrivait pas. Il aurait dû se trouver avec les autres pas dans son lit, mais JDA lui avait dit de rentrer s’occuper un peu de ses gamins pour laisser du repos à Vanessa en lui assurant qu’il s’occupait de tout. C’était difficile à digérer quand même. Il était le chef de police, il aurait dû être avec ses hommes. Devant se soumettre à l’évidence qu’il ne fermerait pas l’œil de la nuit, Henry réussi à se glisser hors du lit sans réveiller Vanessa, remplaçant judicieusement sa présence par celle d’un oreiller. Il sortit sur la pointe des pieds et referma la porte. La maison était plongée dans le noir, mais il commençait à connaître suffisamment l’endroit pour ne pas se cogner le gros orteil partout. Il jeta un coup d’œil à la porte donnant sur le garage en se disant qu’il aurait bien aimé que Zarkan soit encore là pour avoir quelqu’un avec qui discuter, mais il était parti avec Zoé quelques semaines plus tôt pour s’installer chez Lucas. Il était content pour son frère quand même, ça lui ferait du bien de s’occuper de quelqu’un et il savait que la petite arrivait à lui redonner le sourire. Il se dirigea vers la chambre des enfants. Henry avait fini par convaincre Vanessa de ne plus laisser Sarah dans leur chambre en lui disant que si elle se réveillait, ils ne pourraient que l’entendre comme Elliot se mettrait aussi probablement de la partie. Il poussa doucement la porte et la faible lumière du corridor entre doucement dans la pièce. Il regarda les deux berceaux et s’approcha. Elliot dormait profondément. Il faut dire qu’il avait passé la journée à faire de gros efforts pour tester la patiente de sa mère, c’était fatigant. Il se tourna ensuite vers le second berceau et se retrouva devant un poupon qui le fixait avec des yeux grands ouverts. Heureusement, pas de larmes. Il sourit et prit Sarah dans ses bras.

- Chut...tu veux pas dormir toi non plus hein. chuchota-y-il en la berçant.

Il sorti de la pièce avec Sarah pour éviter de réveiller la tornade. Il alla dans la cuisine et commença à préparer le biberon pour sa fille d’une seule main, le tenant toujours contre lui. Il commençait à devenir assez habile avec tout ces trucs de bébés. Il avait appris rapidement. Sarah était bien tranquille. Elle l’était plus que son frère. Quoique n’ayant pas vraiment eu Elliot à cet âge avec lui, Henry ne pouvait pas vraiment comparer. Et elle était bien la fille de son papa, il arrivait toujours à la calmer lorsqu’elle pleurait. Alors que généralement avec son fils il finissait avec des cheveux en moins ou une bosse dans le front quand il essayait de le calmer. Quand le lait fut à la bonne température, il donna le biberon à Sarah en s’adossant un peu contre le comptoir. Elle était trop petite pour le tenir toute seule, mais il voyait déjà ses petites mains appuyer contre la sienne. Henry ne pouvait s’empêcher de penser à ce que ses parents auraient dit en le vouant comme ça. Est-ce qu’ils auraient été fier qu’il ait réussi (ou presque) à prendre sa vie en mains? Et tout ceux qui lui avaient dit qu’il n’arriverait jamais à rien dans la vie...Il s’en fichait bien maintenant. Il avait ses enfants, il arrivait à s’occuper d’eux, à fournir un toi et à manger à sa famille. Pour la première fois de sa vie, Henry était réellement fier de lui-même. Il se doutait que ça ne durerait pas, mais il se disait que quand il se mettrait à douter, il n’aurait qu’à repenser à ce moment. Il était bien absorber dans ses pensés quand son téléphone sonna. Il sursauta, ce qui arracha le biberon à Sarah qui n’apprécia pas du tout qu’on interrompe son repas.

- Fuck marmonna-t-il en posant la bouteille pour attraper son cellulaire tout en berçant Sarah pour la calmer avant qu’elle ne réveille toute la maisonnée.

La boîte vocale pris le relai juste au moment où il allait répondre. Qui l’appelait à cet heure-là? En fait, il savait exactement qui l’appelait et craignait de savoir ce qu’il avait à dire. JDA ne l’aurait pas dérangé pour rien. Il plaqua le cellulaire contre son oreille après avoir composé le code pour écouter les messages. Il le cala contre son épaule afin de pouvoir continuer à donner son biberon à Sarah de sa main libre et ainsi la faire taire. La voix de JDA était à peine audible sur le message, presque entièrement masquée par le bruit des sirènes en arrière-plan.

- On a trouvé leur camp. Ils sont plus qu’on pensait. On a seulement réussi à voir la frontière du camp. Ils ont eu deux de nos gars. On a un blessé aussi mais rien de grave, les ambulanciers sont déjà sur son cas. Ils ne nous ont pas suivi jusqu’à la route, ils restent bien terré dans leur trou. Mais la forêt est infestée de pièges. Je sais pas quand ils ont eu le temps de faire ça, mais si on veut y retourner ça sera de jours. Je vais essayer de leur parler voir si on peu arriver à un arrangement pour qu’ils nous rendent nos gars...mais putain leur chef c’est un psychopathe je sais pas s’il va vouloir entendre quoique ce soit. Je te tiens au courant.

Ça avait été sa décision d’explorer la forêt pendant la nuit pour éviter de se faire repérer par les Black Wings tout en essayant de trouver leur campement. C’est sa décision qui allait peut-être coûter la vie à deux policiers. JDA essayait d’être encourageant, mais Henry ne voyait pas comment ils pourraient négocier quoique ce soit avec le fou a l’origine de la prise d’otage. Il aurait voulu y aller, essayer au moins de faire quelque chose, ne pas rester les bras croisés. Mais, il savait que ça ne servirait à rien. Ce soir-là c’était JDA qui était en charge et il ne laisserait pas Henry se mêler de son opération. Il lui restait à attendre un appel. JDA qui lui demande de venir ou qui lui apprend que les policiers vont bien. Il se demandait s’il réveillait Vanessa. Peut-être que si elle était debout il pourrait y aller...au moins aller voir de ses propres yeux, être là pour le blesser et essayer lui-même de faire quelque chose pour régler le bordel dans lequel il les avait envoyé.

Henry essayait de ne pas s’en faire. Il aurait voulu que Vanessa reste couché et se sentait un peu mal de l’avoir réveillée. Ça n’avait pas été volontaire mais quand même, il s’imaginait à quel point ça pouvait être épuisant de passer la journée à s’occuper des deux petits. Son seul réconfort était que pour le moment Elliot semblait dormir bien profondément. Autant en profiter pendant que ça durait. Il garda Sarah contre lui comme elle faisait sa jalouse. Elle était quand même adorable. C’était sa petite fille et il espérait rester son héros encore longtemps. C’était bien merveilleux les enfants, mais deux c’était bien assez comme le laissait deviner les cernes creuses sous les yeux des deux jeunes parents. Il faut croire que Keth n’avait pas eu que de mauvais côté. Il avait rencontré Vanessa, avait un bon travail et c’était même réconcilié avec son grand frère. D’ailleurs dans l’aide de ce dernier il ne serait jamais arrivé là où il était et ça le peinait de savoir dans quel état il était depuis le départ de May. Henry aurait voulu pouvoir passer plus de temps avec lui, mais avec la vie qu’il menait ils ne se voyaient qu’au bureau ou entouré des deux bambins bruyant.

Henry aurait voulu appeler JDA, mais c’était risqué s’il était reparti dans la forêt et essayait d’être discret. Le connaissant, il se doutait bien du fait qu’il avait dû éteindre son cellulaire mais préférait ne pas prendre de risque.

- Je devrais être là-bas...ils ont des familles eux aussi. Henry était bien conscient que sa vie ne valait pas plus que celle des autres, quoique Vanessa puisse dire à ce sujet.

- S’ils veulent négocier il va falloir que j’y aille c’est sur...mais j’en doute. Ariel lui manquait au fond. Ce n’était pas un ange mais il avait des principes. Jamais il ne se serait attaqué à l’école, il enlevait rarement les enfants d’ailleurs et souvent c’était parce qu’ils étaient là quand leurs parents se faisaient enlever. Henry ne le défendait pas...mais avoir eu le choix, il n’aurait pas pris Edward.

- Aller va voir maman.

Il donna Sarah à sa mère et alla s’asseoir dans le salon pour allumer la télé et écouter les informations. Il ne pouvait pas prendre le risque de joindre les policiers, mais il pouvait quand même suivre ce qui se passait. Effectivement, il était question de la police. La journaliste se tenait au coin d’une rue près de la forêt. On pouvait apercevoir plusieurs voitures de patrouilles les phares éteints qui étaient garées sur le bord des arbres et de nombreuses silhouettes s’activer autour. Il y avait une ambulance aussi, Henry pouvait voir un policier assis à l’arrière mais il ne pouvait pas distinguer de qui il s’agissait. Il finit par voir JDA. Sa stature imposante et le fait qu’il semblait donner des ordres à tout le monde le rendaient facile à repérer. Il avait un mégaphone à la main.

- Une intervention mineure se déroule ici depuis quelques heures déjà. Les autorités nous on assuré que la situation était sous contrôle et ne représentait pas un danger pour la population. La police refuse pour le moment de nous fournir plus d’informations.

La journaliste s’approcha un peu des voitures et aussitôt JDA se dirigea vers elle. Il semblait frustré.

- Vous pouvez pas rester ici, circulez.

- Pouvez-vous nous dire ce qui se passe? Qu’est-ce que les policiers font dans les bois en pleine nuit alors que la ville a besoin d’eux pour rétablir l’ordre après le tremblement de terre? Est-ce qu’il s’agit des Black Wings? Ont-ils tous péris dans l’effondrement de...

- Circulez, ne m’obligez pas à vous arrêter.

La journaliste insista encore mais JDA finit par la faire décamper. Henry aurait bien voulu pouvoir entendre ce qui se passait.

- Vous avez pu vous même le constater chers téléspectateurs, la police de Keth tient à garder les habitants dans l’ignorance. Craignent-ils un mouvement de panique? Devons-nous nous inquiéter de ce qui se trame? Malheureusement, aucune façon de le savoir.

C’était stupide, comment ne pas s’inquiéter de tout quand on vivait à Keth.