Stone age

Archibald Stone avait une vie que beaucoup pouvait envier. Une femme merveilleuse, deux garçons adorables (quand ils le voulaient), un travail qu’il aimait et une belle maison en plein Londres, héritage de la famille. Pourtant, il s’était bien habitué à tout ça et n’y pensait pas vraiment alors qu’il buvait son café dans la cuisine en feuilletant le journal matinal. Il releva la tête un moment en entendant du bruit. Évidemment, les deux gamins s’y mettaient de bonne heure. Ils étaient tous les deux dans le salon à manger des céréales. Le plus jeune, Henry, du haut de ses six ans s’époumonait. « PAPA!! LUCAS IL VEUT PAS METTRE L’OURSON MIGNON! » Archi n’était pas souvent là le matin. C’était généralement sa femme qui s’occupait des enfants, mais elle avait une réunion très tôt alors s’était lui qui s’y collait. Il se doutait pourtant que ce genre de scène devait être assez commune avec elle aussi. Replongeant dans son journal, il déclara simplement.

- Lucas, laisse ton frère regarder son émission. La dispute s’arrêta là malgré l’air renfrogné de l’aîné, Lucas, 8 ans, qui ne paraissait pas apprécier autant les comptines de ce gros ours bleu que son frère. Les garçons rapportèrent assez tôt leurs bols vides dans la cuisine et il leur dit de se dépêcher et de s’habiller pour l’école. Il monta à l’étage avec eux et se rendit dans sa propre chambre pour s’habiller. Archibald portait son uniforme comme une seconde peau. Il était toujours impeccable et il en était très fier.

Henry avait été assez rapide ce matin-là. Il était déjà habillé au pied de l’escalier quand son père redescendit. Celui-ci le regardait avec un sourire attendrit alors que le petit tentait d’attacher ses chaussures. Arch se pencha pour lui donner un coup de main. Il vérifia ensuite qu’ils avaient tous les deux leur sac et leur dîner avant de sortir de la maison en verrouillant bien la porte derrière lui. Ils se mirent à marcher en traversant le parc qui faisait face à la demeure familiale.

- Alors Lucas, ce test de mathématique? Il ne passait pas autant de temps qu’il l’aurait voulu avec ses fils, mais c’était dans les petits moments comme ça qu’il essayait de leur montrer que même s’il n’était pas toujours présent ils étaient importants pour lui. Il discuta avec Lucas, Archibald était très fier de lui. Tous ces professeurs n’avaient que des bonnes choses à dire sur son fils aîné. Il avait un avenir radieux devant lui. « Continue comme ça mon grand et tu vas pouvoir venir passer une journée au travail avec moi.» C’était une promesse qu’il faisait à Lucas depuis quelques temps déjà. Il lui était déjà arrivé de l’amener, chaque fois pour le récompenser de ses efforts car il était bien conscient que Lucas travaillait très fort pour réussir.

Henry lui était un peu plus dissipé. « Henry! Ne saute pas dans la flaque tu vas être trempé!» Mais il avait un grand cœur et un sourire contagieux. C’était un petit bonhomme plein d’énergie qu’il fallait souvent rappeler à l’ordre car il était curieux de tout et avait tendance à vouloir expérimenter. Il s’élançait à la course au milieu d’un tas de pigeons en hurlant tandis qu’ils s’envolaient avant de rire, fier de son coup. Archibald finit par aller le prendre par la main pour continuer le chemin et éviter d’être en retard. Il s’arrêta devant l’école.

- Vous rentrez ensemble à la maison ce soir. Maman devrait arriver un peu après. Lucas n’oublie pas ton entraînement de foot et Henry c’est ton cours de musique. Parfois ces gamins avaient des horaires aussi rempli que lui! Mais Anna disait que c’était important que les garçons puissent essayer toute sorte d’activité pour voir ce qui leur plaisait et s’amuser. Arch resta là à leur faire des grands signes tandis qu’ils entraient dans l’école. Il parti ensuite de son côté pour aller au boulot.

Archibald venait d’une famille de policier. Pourtant, jamais il n’avait poussé ses fils dans cette direction. C’est certain qu’il aurait été fier de voir Lucas ou Henry devenir policier, mais il serait tout aussi fier qu’ils fassent autre chose. Ça lui faisait quand même plaisir d’amener Lucas avec lui de temps en temps pour lui montrer ce qu’il faisait. Même si ça se limitait au travail de bureau parce que jamais il ne se serait risqué à l’amener en patrouille avec lui. Il arriva au poste à l’heure et fut étonner de voir que Matthew s’y trouvait déjà. Son jeune frère n’avait pas l’habitude d’être particulièrement ponctuel, pourtant il était dévoué et faisait bien son travail. La journée se passa calmement, de la paperasse principalement.

Henry n’aimait pas l’école. Il n’aimait pas devoir rester assis pendant des heures à essayer de déchiffrer les mots dans ses cahiers. C’était un enfant intelligent, mais il avait trop d’énergie et quand il n’aimait pas quelque chose il ne faisait aucun effort. Il avait beaucoup d’amis. Les autres le trouvaient drôles et il ne passait jamais une récréation seul. Par contre, les plus vieux n’hésitaient pas à s’en prendre à lui car Henry réagissait toujours, c’était nettement plus drôle que s’il s’était laissé faire. Il n’en parlait pas, mais il lui arrivait souvent de devoir demander à ses amis de partager leur diner avec lui pour avoir de quoi manger. Ses parents avaient essayé de lui faire faire du sport en se disant qu’il dépenserait de l’énergie, mais ça n’avait pas aidé. Ils l’avaient donc inscrit à des cours de piano en espérant que ça l’aiderait à se concentrer. Henry aimait bien la musique, il n’aimait pas devoir apprendre par contre. Son professeur était certain que le petit avait du talent et qu’il pourrait être doué, s’il était capable de rester assis plus de cinq minutes devant le clavier. À la fin de son cours, Henry parti au pas de course pour rejoindre Lucas et son air miteux.

- Moi j’aime ça le foot, tu dit ça parce que tu es pas bon.

Il s’assit à côté de son frère sur le bord du trottoir en regardant partout autour en quête de quelque chose d’intéressant pour s’occuper. Son ventre gargouillait. Il avait eu à faire à une brute ce jour-là qui s’était emparé de son diner et avait bien hâte de rentrer fouiller dans le frigo. « Elle est où maman? » Lucas semblait particulièrement agacé, Henry décida de se taire, la mine basse.

- Hey les petits!
- Tonton Matthew!!

Henry sauta sur ses pieds et couru vers l’homme en uniforme qui venait d’apparaître au coin de la rue. Ce n’était pas maman, mais c’était déjà mieux que rien.

- Aller je vous ramène, votre mère est coincée au travail.

Matthew Stone n’avait pas d’enfants, mais ses neveux s’étaient un peu comme ses fils. Quand son frère découragé lui avait dit qu’Anna lui avait téléphoné pour lui dire qu’elle avait une autre réunion et ne pourrait pas aller chercher les enfants, Matthew s’était proposé pour les ramener. C’était la moindre des choses. Il retraversa le parc avec eux et entra dans la maison.

- Votre père a dit que vous deviez faire vos devoirs alors au pas! Matthew n’avait aucune autorité. Henry avait déjà la tête dans le frigo. Matthew se résigna à les laisser prendre une collation avant de se mettre au boulot. Il s’installa avec eux dans la cuisine.

- Alors les terreurs, quoi de neuf? Vous faites pas de misères à vos parents?

Henry n’était pas vraiment disposé à répondre. Il avait la bouche pleine et regardait bien ce qui restait dans l’assiette posée devant eux.

Henry ne faisait pas de cas de l’attitude de son frère. Il avait l’habitude et il lui en fallait pas mal pour qu’il se fâche vraiment contre Lucas. Il ne l’écouta qu’à moitié alors qu’il repartait dans son éternel monologue du « les autres sont des idiots, il n’y a que moi qui comprends vraiment.» Il était bien content de voir son oncle, mais lui aussi aurait préféré voir sa maman. Matthew en était quand même bien conscient et c’était sans doute pourquoi il était autant de bonne humeur avec eux alors qu’en fait il n’avait pas beaucoup de raisons de l’être. Il avait un boulot de merde qu’il détestait mais qu’on l’avait obligé à apprendre, sa copine venait de le laisser et il n’avait pas de quoi aller se saouler la gueule. Mais Matthew Stone était passé maître dans l’art de faire comme si de rien n’était.

- Sois pas si dur avec ton petit frère. Toi aussi à son âge tu faisais que des bêtises.

Matthew avait souvent tendance à défendre Henry dans ce genre de situation. Il ne pouvait s’empêcher de se revoir en lui. Il était le plus jeune de deux frères lui aussi, le mouton noir de la famille, celui qui ne faisait jamais rien de bien. Oui, il s’entendait plutôt bien avec Arch, mais pour ça il y avait des sujets qu’ils évitaient d’aborder.

- Vous trouvez pas que vous exagérez? Vous avalerez rien pour souper et votre mère va m’engueuler.

Ça ne sembla pas trop déranger les garçons qui continuaient à manger. Matthew les laissa faire et en profita lui-même un peu, volant quelques biscuits à Lucas. Il plaisanta un peu avec eux, les taquinants et essayant de les faire rire. Il remarquait surtout que Lucas semblait un peu triste ou du moins déçu. Avec tout ça, les petits n’avaient toujours pas ouverts leurs cahiers quand ils purent entendre la porte de la maison s’ouvrir.

Anna Stone était une femme assez petite qui pourtant ne s’en laissait pas imposer. Elle avait rencontré les deux frères Stone au secondaire alors qu’elle était dans la même classe d’anglais que Matthew. C’était pourtant avec l’aîné Archibald qu’elle avait commencé à sortir. Ils s’étaient mariés assez jeunes et les enfants étaient arrivés rapidement. Elle ne s’était jamais prédestinée à une vie de femme au foyer. Elle avait toujours été une personne fonceuse et passionnée qui ne se laissait pas arrêter. Elle travaillait dans un petit atelier de respiration d’œuvres d’arts. Ce n’était qu’un petit boulot qui ne rapportait pas beaucoup, mais c’était quelque chose qu’elle adorait faire quand elle ne peignait pas ses propres tableaux dans le jardin. Avec le salaire d’inspecteur de son mari, elle pouvait se le permettre. Elle avait à peine poser les quelques sacs qu’elle avait ramené du supermarché que deux démons lui sautèrent dans les bras. Peut-être qu’elle ne s’était jamais imaginée en mère, mais elle aimait ses fils plus que tout et s’émerveillait toujours de la moindre chose qu’ils faisaient comme en témoignait le frigo de la cuisine couvert de toutes sortes de dessins.

- Pourquoi est-ce que vous avez du chocolat partout hein?

Elle n’était pas vraiment en colère. Quand Arch lui avait dit que Matthew allait les chercher elle s’était attendu à ce genre de choses.

- Soyez des bons petits gentlemans et aidez moi à amener tout ça dans la cuisine aller.

Quand les gamins disparurent avec les sacs, elle aperçu Matthew qui venait vers la porte.

- Merci vraiment tu nous a sauvé la vie encore.

- C’est rien, ça fait toujours plaisir de s’occuper des marmots. Et puis ce n’est pas si difficile, j’ai juste à les empêcher de mettre le feu à la maison.

- Et essayer d’éviter qu’ils se gavent de chocolat avant le souper.

- C’était le chocolat ou moi ils étaient affamés t’es sur que tu les nourris assez? Tes petites salades à l’école de rendaient peut-être bien sexy, mais c’est cruel de donner ça à des gamins.

Anna rit un peu en accrochant finalement son manteau. Matthew avait bien des défauts, mais au moins il était sympathique.

- Je vais y aller...mais tu pourrais pas me passer un peu d’argent?

- Tu sais que Archi ne veut pas Matt.

- Juste cinq ou dix livres s’il-te-plaît...Audrey m’a laissé là j’ai besoin de me changer les idées un peu.

- Tu pourrais rester dîner avec nous.

- Nah, Lucas et Henry veulent être avec toi je vais pas leur voler l’attention de leur maman.

Anna se résigna à donner un peu d’argent à Matt avant qu’il ne parte. Elle savait que son mari n’aurait pas été d’accord, Matthew leur devait déjà de l’argent, mais elle se disait que si elle lui en donnait il aurait moins d’occasions de faire des bêtises en voulant en trouver. Elle alla finalement rejoindre les garçons dans la cuisine et commença à tout ranger.

- Vous avez bien travaillé à l’école? Et le football ça a bien été Lucas?

Elle avait toujours tendance à s’adresser un peu plus souvent à son aîné directement. Anna connaissait bien ses fils et savait que Lucas était plus réservé que son jeune frère. Ce n’était pas bien difficile de faire parler Henry.

- J’ai fait des dessins aujourd’hui! Un super mega robot nounours!

Lança Henry en attrapant un dernier biscuit avant que sa mère enlève le plat du comptoir. Il voulu aller lui faire un câlin mais Anna s’assura de le garder à distance pour ne pas se retrouver avec du chocolat sur sa robe.

- Ho non tu vas te laver tout de suite Henry. Tu ne touches à rien entre ici et la salle de bain aller.

Henry baissa un peu la tête, déçu, et se dirigea vers la salle de bain pour se laver les mains et le visage avant de mettre du chocolat partout et de fâcher sa maman. Anna commença à couper les légumes en regardant Lucas du coin de l’œil.

- Tu sais, tu n’es pas obligé de faire du football si tu n’aimes pas ça Lucas. Tu pourrais essayer la musique comme ton frère ou le théâtre, qu’est-ce que tu aurais envi de faire?

Anna essayait depuis longtemps de trouver une activité qui plairait à son fils aîné. Lucas n’était pas un enfant difficile. Il se comportait bien et avait toujours de très bonnes notes, mais elle avait l’impression qu’il avait du mal à s’amuser vraiment. C’est pour ça qu’elle tentait de le pousser à trouver un passe-temps qui lui plairait. Si avec Henry c’était pour qu’il apprenne à se concentrer, avec Lucas c’était tout le contraire. Elle commença à faire cuire le poulet en s’assurant d’en faire un peu plus pour pouvoir laisser une assiette à réchauffer pour son mari quand il rentrerait.

Anna ne savait plus trop quoi faire avec Lucas. Rien ne semblait lui plaire. Il se mettait beaucoup de pression pour bien réussir dans tout ce qu’il entreprenait. Parfois, c’était trop. Pourtant, son père l’encourageait toujours et Anna avait essayé de lui faire comprendre que ce n’était pas une bonne chose sans trop de succès.

- Donc pas d’art et pas de sport.

Elle réfléchissait vraiment en servant les assiettes. Henry revint dans la cuisine et sa mère inspecta ses mains pour être certaines qu’elles étaient propres. Anna ne savait pas encore qu’elle trouverait des petites mains chocolatées un peu partout. Elle s’installa a table avec ses fils. Elle regarde Henry engloutir son assiette. Il avait toujours bon appétit, Anna ne se doutait pas le moins de monde de pourquoi il en était ainsi.

- Ho je sais, tu pourrais rejoindre le club des petits scientifiques. Tu pourrais faire toute sorte d’expériences.

Anna et Henry ne voyaient pas ce qu’il y avait d’amusant là-dedans. Mais, elle se disait que c’était le genre de chose qu’Arch devait avoir aimé faire à cet âge et donc que ça plairait à Lucas. Le dîner se passa plutôt calmement. Elle discuta avec les garçons qui l’aidèrent à ramasser ensuite.

- Aller faites vos devoirs, après vous aurez un peu de temps pour écouter la télévision et jouer. Je vais être dans mon atelier s’il y a quelque chose que vous ne comprenez pas ok.

Après avoir vérifié qu’ils s’installaient vraiment pour faire leur devoir, Anna se dirigea vers la petite serre qui lui servait d’atelier de peintre à l’arrière de la maison. Henry ne resta pas assis sagement très longtemps. Exaspéré de ne pas arriver à écrire la lettre « B » comme sur le dessin dans son cahier il se leva. Il se dirigea pour aller voir sa mère, mais se dit qu’elle était occupée. Il regarda Lucas assis à l’autre bout de la table. Très peu subtilement, il s’approcha de son frère. Lucas était plus vieux et il était super intelligent il pourrait sûrement l’aider. Toujours aussi subtilement, il s’assit sur la chaise à côté de son aîné. Il ouvrit de nouveau son cahier et fit semblant de travailler tout en regardant Lucas. Il n’osait pas trop lui demander de l’aider parce qu’il se disait que Lucas le trouverait idiot comme tous les autres.

L’argent était un problème dont il était souvent question entre Anna et son mari. Ils ne vivaient évidemment pas dans la misère, mais ils devaient quand même faire attention. Ils avaient déjà discuté de potentiellement inscrire Lucas au club de science, mais c’était nettement plus coûteux que les autres programmes. Cependant, si c’était vraiment ce qu’il voulait, ils trouveraient un moyen comme ils avaient toujours fait. Anna évita la catastrophe en arrêtant Lucas qui voulait d’ailleurs lui faire la démonstration d’une expérience qu’il avait faite à l’école. Elle n’avait pas envi d’avoir la moindre explosion dans sa cuisine. Elle força Henry à manger ses légumes. Visiblement ses fils s’étaient empiffrés avant qu’elle n’arrive. Une chance que Matthew n’avait pas d’enfants, il n’aurait aucune autorité sur eux et ils feraient de lui tout ce qu’ils voulaient. Anna se sentait quand même un peu mal pour son beau-frère. C’était quelqu’un de bien au fond. Il avait beaucoup de problèmes, mais il avait un bon cœur, comme son mari. Elle était chanceuse au fond. La seule chose qu’elle aurait pu demander c’était qu’Arch soit plu souvent à ses côtés, mais elle savait bien que ce n’était pas lui qui décidait. Il était l’un des meilleurs de sa division à cause de son travail acharné et toute sa famille en était fier. C’était pourtant vers ce grand gamin de seize ans, un peu gauche mais si déterminé que ses pensées s’envolaient alors qu’elle peignait. À l’époque où ils n’étaient que deux amoureux plein de rêves.

Henry hocha simplement la tête et approcha son cahier de Lucas. Il regarde bien comment il faisait. Même s’ils se chamaillaient souvent, Henry avait beaucoup d’admiration pour son grand frère. C’était le plus intelligent, celui qui ne faisait pas de bêtises. Il aurait beaucoup aimé être comme lui, mais il avait beaucoup trop d’énergie pour tenir en place et étudier comme Lucas. Il essaya d’imiter ce qu’il faisait pour bien tracer la lettre et après quelques essais il réussi. Tout fier, il montra son succès à Lucas pour avoir son approbation. C’était tout ce qu’Henry voulait. Que son grand frère soit fier de lui. Il continua et termina ses devoirs en restant assis près de Lucas. Il lui fallut faire de gros efforts pour ne pas être constamment distrait par le moindre bruit. Quand il eu terminé, il alla s’installer dans le salon et alluma la télé. Il sortit quelques petites voitures du panier de jouets et commença à faire des courses autour de la table à café. Il n’était pas réellement conscient du nombre de décibels qu’il produisait. Quand Lucas vint le rejoindre. Il remarque bien à son expression qu’il était contrarié et s’empressa de lui tendre la télécommande en gage de paix. Il laissa son frère écouter ses émissions de grands auquel il ne comprenait pas grand-chose et continua à jouer dans son coin. Il finit par s’ennuyer et décida d’aller voir ce que sa maman faisait.

Anna sursauta un peu quand la main de son plus jeune tira sur la jupe de sa robe. Elle sourit et assis Henry sur ses genoux. Il resta assis bien sagement en la regardant peindre. Il lui posa quelques questions sur ce qu’elle faisait parfois. Si Lucas était plus pragmatique et logique, Henry était le plus artistique des deux. Il aimait les couleurs, la musique ou plutôt le bruit le trois-quarts du temps. Il passa le reste de la soirée avec elle.

- Aller mon grand, il est assez tard tu as école demain.

Elle le posa par terre. Il somnolait déjà, mais il était devenu un peu trop grand pour se faire porter après tout. Ils retournèrent à l’intérieur.

- Aller Lucas, va brosser tes dents il est tard.

Anna monta coucher les garçons chacun dans leur chambre. Elle alluma la veilleuse en forme de hiboux dans la chambre d’Henry. Lucas se trouvait trop grand pour ça. Mais, elle laissait quand même une petite lumière allumée dans le corridor pour lui. Elle redescendit ensuite et comme tous les soirs entreprit de ranger un peu.

Lucas fut bien content d'aider son petit frère. Son papa lui a souvent dit qu'il était l'aîné et qu'il devait montrer l'exemple et prendre soin der' son petit frère. Lucas prenait cette tâche très au sérieux malgré tout. Il aida tranquillement Henry a faire ses devoirs et le félicita lorsqu'il réussit avec un petit sourire. C'est certain que ce devoir, il le trouvait facile comme tout, mais il savait que son frère était encore jeune et moins intelligent que lui. C'était un fait établi dans la tête de Lucas, mais si savait reconnaître les efforts qu'Henry faisait.  

Son petit frère fini ses devoirs et alla dans le salon. Il s’amusait et on pouvait l’entendre. Lucas devait se vraiment se concentrer pour pouvoir terminer ses devoirs. Plus les minutes passaient, plus Henry devenait bouillant et cela énerva grandement l’aîné. Il commençait à se fâcher. Il effaça frénétiquement sur sa feuille une erreur qu’il avait commis à cause du manque de concentration. C’était insupportable. 

Pas de réponse ou de réaction. Lucas soupira et termina du mieux qu’il pu son devoir et ferma son cahier. Il alla rejoindre son frère et il était visiblement fâché. Oui, maintenant ils avaient du temps libre, mais il n’aimait pas être déranger pendant qu’il travaillait ou étudiait. Heureusement que Henry lui donna la télécommande qu’il saisit brusquement et s’écrasa dans le divan. Lucas tourna les postes plusieurs fois jusqu’à temps qu’il tombe sur une émission qui semblait l’intéresser. Il s’agissait d’un documentaire sur la disparition des dinosaures. Il ne comprenait pas tout, mais il trouvait ça vraiment amusant de voir des ‘’ vrais’’ dinosaures à la télévision. 

Archibald travaillait toujours d’arche pied au travail. Ce n’était pas pour rien que les Stones étaient considérés comme une famille qui avait beaucoup d’histoire et de respect dans le domaine. Cela devenait cependant difficile pour lui d’avoir beaucoup de temps pour sa famille. Il devait aussi travailler fort pour récolter assez d’argent pour s’occuper de la famille. Il s’agissait toujours d’un stress chez lui. Il ne voulait pas juste bien faire, il voulait très bien faire. Ce soir là, il voulait vraiment rentrer pour au moins pouvoir voir ses garçons avant qu’ils se couchent, mais encore une fois, dû rester un peu plus au travail.

Lucas fini par écouter l’émission et tourna les postes pour tomber sur une émission qui parlait des sciences pour les enfants. Ses yeux s’agrandir et il resta cloué à la télévision. Quand sa mère l’appela, il regarda l’escalier puis la télévision et décida de rester assit en faisant mine qu’il avait pas entendu. Sa mère du venir le chercher pour qu’il se prépare. Il bouda un peu, mais lorsque sa mère ferma la télé il dû battre en retraite. Il se brossa les dents et alla se coucher. Il disait toujours qu’il était grand et qu’il n’avait plus besoin de veilleuse. Il avait donné la sienne à son frère. Cependant, il était bien contant intérieurement que sa maman laisse la lumière du couloir allumé. Il se rappela alors qu'il n'avait pas pu réviser son devoir et se glissa hors du lit pour prendre son cahier. Il s'assit par terre devant sa porte de chambre et mit son cahier de manière que la lumière l'éclaire. Il bailla un peu et refit ses calcules. Tout devait être bon pour demain. 

Archibald fini par finalement rentré. Il était fatigué et déçu. Il avait dit à Anna qu’il tenterait de rentrer tôt et se ne fut pas le cas. Les petits démons étaient déjà couché. Il se dirigea dans la cuisine et sourit un peu envoyant sa femme. 

Il ouvrit le frigo et se prit à manger. 

Il se laissa tomber sur la chaine et commença à manger lentement.

Anna n’avait pas trop espoir de voir son mari revenir avant que les enfants ne s’endorment. Il lui avait dit qu’il rentrerait plus tôt, mais elle était réaliste. Au moins, il avait passé un peu de temps avec eux ce matin. Elle l’embrassa et sourit un peu quand il s’excusa.

- Fais le chauffer au moins Arch voyons.

Dit-elle en lui reprenant son assiette pour la mettre au micro-onde. Parfois, elle avait l’impression d’avoir trois enfants et pas deux. Mais, elle voyait bien qu’il était fatigué.

- Ils auraient été plus tranquille si ton frère ne les avait pas gavé de chocolat.

Ce n’était pas un reproche. Après tout, c’était parce qu’elle avait eu du retard que Matthew était venu. C’était simplement la réalité. Elle s’assit avec lui en lui ramenant son assiette.

- Mais Lucas était un peu triste aujourd’hui. Je pense qu’il n’aime pas vraiment le football. En fait, elle savait qu’il détestait ça. Pourtant, Anna voulait qu’il puisse se faire des amis aussi. Elle se disait qu’au moins avec Henry tout semblait bien se passer. Anna ne se doutait pas une seconde qu’elle ignorait certaines choses. Je lui ai parlé un peu. Il aimerait beaucoup le club de science…je sais qu’on en a déjà parlé, mais il serait vraiment bien là. Tu sais comment il aime toutes ces émissions avec des expériences.

Elle n’avait pas spécialement envi de se disputer avec lui ce soir, mais elle voulait simplement que ses enfants soient heureux. Il en avait sûrement déjà plein le dos de sa journée et voilà qu’elle en rajoutait, mais c’était important. Ils mettraient un peu moins de côté c’est tout. Une chance qu’elle ne lui disait pas en plus qu’elle avait donné un peu d’argent à Matthew. Pendant qu’il mangeait, Anna continua à ranger la cuisine et les jouets des enfants dans le salon. Évidemment, Henry se laissait toujours trainer. Heureusement, la porte du bureau d’Archibald était restée fermé ce jour-là, il n’aurait pas de mauvaise surprise. Elle entendit alors un bruit venant de l’étage. Anna soupira en se demandant lequel des deux démons étaient debout.

- Bon...qu'est-ce qu'ils font encore...

-Ce n’est pas un peu de chocolat qui va leur faire du mal et puis ils adorent leur oncle tu le sais bien.

Anna préféra éviter de parler des quelques livres qu’elle avait donné à Matthew. Elle me voyait pas en quoi c’était si grave.

- On va se faire rembourser une bonne partie. C’est important qu’il se fasse des amis tu sais.

Elle savait bien que ça ne servait à rien de s’obstiner à ce sujet avec son mari. Arch finirait par accepter comme s’était pour son fils. Il avait beau se plaindre du fait que son frère donnait à ses neveux tout ce qu’ils voulaient, il n’était pas toujours très différent. Anna se doutait bien qu’il y avait aussi un peu de culpabilité derrière ça. Archibald n’était pas aussi présent pour ses fils qu’il l’aurait voulu et essayait de racheter ses absences d’une façon ou d’une autre.

Anna monta à l’étage en se demandant si Henry avait fait un cauchemar ou si Lucas avait entendu son père arriver et se cherchait une raison pour le voir. Elle passa d’abord devant la chambre du plus jeune qui se trouvait endormi quelque part dans le tas de couvertures et des peluches sur son lit. Puis, elle ouvrit la porte de la chambre de Lucas.

- Lucas, qu’est-ce que tu fais encore debout il est tard.

Il tenait son cahier dans ses mains, évidemment. Anna ne pu s’empêcher de sourire un peu.

- Aller met ça dans ton sac et au lit.

Elle alla le border et s’assit un peu sur le bord de son lit. Tout ce qu’elle voulait s’était le bonheur de ses enfants et elle craignait que Lucas sabotage son propre bonheur avec sa quête constante de perfection. Elle savait bien ce que c’était, elle avait marié un perfectionniste après tout. Quoiqu’avec Lucas, c’était différent. C’était toujours plus extrême. Elle se souvenait bien de ses crises de colères quand il était petit et ne parlait pas encore alors qu’il n’arrivait pas toujours à faire comprendre ce qu’il voulait. Elle passa doucement une main dans les cheveux de Lucas.

- Papa et moi on est très fier de toi tu sais.

Elle savait que c’était ce que Lucas voulait entendre, mais c’était aussi la vérité. Après tout, comment ne pas être fier d’un enfant gentil et premier de classe depuis aussi longtemps qu’il allait à l’école. Elle l’embrassa sur le front et sorti de la chambre en attrapant son sac à dos pour éviter qu’il n’aille fouiner de nouveau. Elle le descendit dans le salon en se disant qu’il n’aurait qu’à l’attraper demain avant de partir. Quand elle retourna dans la cuisine préparer les lunchs des enfants, son mari était en train de ramasser son assiette.

- C’était Lucas, il voulait corriger son devoir.

- Non, ce n’est pas une compétition ou quoique ce soit du genre. C’est une bande d’enfants qui font des expériences. Je suis sûr qu’il trouverait ça amusant pour une fois.

Mais Archibald avait bien raison, Lucas se mettait beaucoup de pression. Anna ne put s’empêcher de sourire un peu.

- Donne-lui encore quelques années. Il va rencontrer une jolie fille et ses soirées vont être passées à bien d’autre chose qu’étudier. N’est-ce pas?

Elle s’approcha un peu et l’embrassa. Arch n’avait pas tant changé depuis le temps. Au lieu des études, c’est le travail qui prenait toute la place, mais elle essayait autant que possible de lui rappeler qu’il avait sa famille aussi. Elle resta dans ses bras, profitant de la position pour parler d’un autre sujet.

- Il y a un vernissage vendredi à la galerie, tu vas venir avec moi hein?

Anna connaissait bien sa réponse habituelle. Elle se colla un peu pour essayer de le convaincre.

- On pourra passer la soirée tous les deux ça fait longtemps.

Un bon souper dans un petit restaurant, une soirée tranquille, quelques coupes de vin et une gardienne pour la nuit. Anna n’était pas trop exigeante au fond.

Elle avait gagné. Anna savait qu’il ferait ce qu’il a dit. Arch était fiable et n’avait qu’une parole. Elle n’en abusait pas non plus. Juste quand elle s’ennuyait trop de lui ou qu’il semblait particulièrement fatigué par son travail. Elle l’envoya d’ailleurs se coucher en voyant les cernes qu’il avait sous les yeux. Anna fit ensuite le tour de la maison pour s’assurer que tout était bien verrouillé et que ses deux garçons dormaient bien. Elle alla border Lucas et Henry une dernière fois, replaçant l’ours en peluche du plus petit dans son lit pour éviter qu’il se réveille en pleine crise en voyant qu’il manquait à l’appel. Ce n’est qu’une fois qu’elle fut certaine que tout était en ordre qu’elle alla enfiler sa robe de nuit pour se glisser dans les couvertures près de son mari. Elle sourit un peu en lui enlevant ses lunettes de lecture pour les poser sur la table de chevet avec le livre qui avait glissé de ses mains alors qu’il s’était endormi. Elle éteignit la lampe de chevet, en profitant pour l’embrasser avant de finalement se coucher en se blottissant contre lui pour dormir. Elle ne se réveilla pas quand la porte de la chambre s’entrouvrit pour laisser passer une petite tête de cheveux noirs en batailles qui se hissa sur le grand lit avec son ours en peluche.

Henry s’était endormi rapidement, entouré de son armée de peluches. Si les autres enfants à l’école avaient vu ça, il se serait sûrement fait gnaiser pendant très longtemps. Il ne réalisa pas que sa mère passa quelques fois pour voir s’il dormait et pour le border. Il se réveilla plus tard dans la nuit en sursaut. Henry serra son ourson en regardant autour dans sa chambre. Il faisait noir. L’ampoule de sa veilleuse avait rendu l’âme. Il ferma les yeux et essaya de se calmer. Cependant, il avait l’impression d’entendre toute sorte de craquements et de bruits. Il pouvait voir la lumière dans le corridor par l’entrebâillement de la porte. Il saisit son courage, et son ours en peluche pour sauter en bas de son lit et courir jusqu’à la porte. Une fois dans le couloir, dans la lumière, il se calma un peu. La maison lui semblait immense, vide et inquiétante. Il marcha prudemment jusqu’au bout du couloir, la chambre de ses parents.

Il hésita un moment et poussa doucement la porte. Henry ne savait pas si ses parents dormaient mais il ne voulait pas faire de bruits. Sur la pointe des pieds, il avança jusqu’au lit et attrapa la couverture pour se hisser dessus. Il se faufila entre ses parents pour s’installer entre eux. Il faisait peut-être noir, mais son papa et sa maman étaient la pour le protéger de tout les monstres.