Dernière fois

Edward était prêt à le remplacer et il n’avait aucun doute sur le fait qu’il serait un meilleur chef que lui. Son temps était fini, Ariel le savait bien. Il c’était rendu dans son endroit préférer, tant qu’à en finir autant que ce soit un peu agréable. Il s’imaginait leurs têtes quand ils le trouveraient, mort. Ils seraient tellement heureux, avant de réaliser que les Black Wings avaient un nouveau chef. Ça serait en quelque sorte la dernière révérence d’Ariel pour cette société de cons.

Personne n’était au courant de son plan. Il était parti accomplir une mission spéciale, c’était ce qu’il avait dit à ses généraux et à Ed, les seuls à qui il parlait encore. Ça devait être une jolie surprise pour tout le monde. Ariel avança entre les tombes en prenant tout son temps. Il revoyait sa vie, l’enfant malchanceux qu’il avait été, ceux qui l’avaient trahi, la prison…tellement de choses en si peu de temps. Il rejoignit sa tombe préférée, celle où rien n’était écrit. C’était une belle matinée ensoleillée, même le ciel semblait content de ce qui allait se passer. Un monstre s’apprêtait à quitter ce monde et à retourner en enfer. Il posa sa main sur la pierre tombale et se mit à parler comme il l’avait déjà fait, parler avec les morts.

- Nous ne sommes pas braves, nous ne pouvons supporter une vie de peines qui s’enchaînent les unes aux autres sans nous laisser de répit. Le bonheur, si éphémère, n’est qu’une prémisse, un espoir cruel que la vie place sur notre nez pour pouvoir nous faire plus mal encore. Les gens heureux ne le resteront jamais bien longtemps, la joie ne se conserve pas, ce n’est qu’un éclair dans l’existence, il faut avoir de la chance pour parvenir en s’en saisir et l’apprécier à sa juste valeur. Il faut être fort pour sourire, il faut vouloir plus que tout, il ne faut pas douter pour vivre. Je finirais entre quatre murs, une prison, un charmant cercueil comme le tien. Et comme toi, on ne m’apportera pas de fleurs mais de toute façon, mort à quoi bon s’en soucier.

Ariel sorti l’un des couteaux qu’il avait toujours avec lui. Il examina la lame au soleil un moment. Cette arme avait fait bon nombre de victimes et se retournerait ultimement contre son maître, il fallait bien que ça arrive un jour. Ariel n’en pouvait plus, la vie l’épuisait et il n’était pas dans le genre de situation où il pouvait paisiblement prendre sa retraite. Oh, il aurait pu s’excuser et essayer de revenir dans le droit chemin mais personne ne l’aurait laissé faire ça et il n’avait pas envi de continuer à vivre dans un tel mensonge. Il était toujours persuadé d’avoir suivi la bonne voie mais son esprit n’était pas assez fort pour continuer. Il ferma les yeux un instant, c’était le moment. Ariel s’enfonça la lame en plein cœur et s’écroula en laissant échapper sa dernière bouffé d’air. Il ne mourut pas sur le coup, agonisant quelques secondes, incapable de se remettre à respirer. Et c’est ainsi que ce termina la vie d’un homme déterminé à se fier à sa vision du monde, un homme qui refusait que les autres décident de ce qu’il devait faire et dont la pensée avait été plus loin que ce qu’il avait pu supporter.