Mission

Ariel avait envoyé Logan sur une mission assez spéciale. Entre temps, il se préparait au camp. Il avait fait beaucoup de changements dans les dernières années. Les bâtiments c’étaient multipliés et les conditions de vie c’étaient grandement améliorées. La base Black Wings était presque devenu un camp de réfugié. Ceux qui avaient pu autrefois tout perdre à cause d’eux n’avaient parfois plus personne vers qui se tourner. C’est ainsi qu’ils se retrouvaient au camp. Il faut dire qu’Ariel avait hérité d’une situation qu’il avait su mettre à son avantage. Les Black Wings avaient fait des choses horribles? Ho c’était l’ancien chef, les choses étaient différentes maintenant! Les gens oubliaient vite. Le règne d’Edward avait été tellement traumatique pour la ville, pouvait-on vraiment en vouloir aux gens d’avoir pratiquement oublié ce qui s’était passé avant? Il y avait aussi les...réfractaires. Les Black Wings qui avaient quitté le clan au retour d’Ariel et s’étaient établi en petit groupes un peu partout en ville. C’était ironique quand même pour lui. Il se souvenait bien que les Black Wings étaient à l’origine le regroupement de tout les différents gangs de la ville, et voila qu’en perdant de la masse ces gangs étaient de retour. Encore une fois, c’était à son avantage. Il pouvait faire mine d’aider les gens, de se dissocier de ces groupes qui étaient les extrémistes qui avaient fait tant de mal par le passé. Ainsi, il pouvait se rapprocher de la police et éviter de les avoir sur le dos. Ce n’était pas si facile avec leur chef mais Ariel avait ses moyens de pression et faisait de plus en plus bonne figure pour la population.

Malgré tout ça, il n’avait pas oublié pourquoi il était là. Avec son petit-fils dans le portrait en plus, il ne pouvait pas se permettre de briser le contrat. Mais, il devait faire très attention à chacun de ses mouvements. C’est pourquoi il avait demandé à voir la fille de Lully.

Ariel fir signe a Jack de sortir. Il n’avait pas besoin de lui pour ça et préférait garder tout ça entre eux. Avant que le loup ne sorte, Ariel ajouta:

- Va faire ta patrouille.

Ce qui voulait simplement dire qu’il ne voulait pas le voir écouter aux portes sinon il en subirait les conséquences. Une fois Jack sortie, il fit signe à Flore de s’asseoir.

- Flore c’est bien ça?

Évidemment qu’il le savait, c’était plus par politesse.

- Nous n’avons pas encore eu le plaisir de nous rencontrer mais j’ai beaucoup travaillé avec tes parents. Ils ont été très utile à leur époque, mais les temps changent.

Ariel ne savait pas a quel point elle était au courant de ce que ses parents faisaient dans le clan mais ça n’avait aucune importance. Simplement, il n’avait aucune intention de se servir d’elle pour assassiner des gens.

- Je sais que tu as été proche de mon neveu. Je voudrais savoir, comment il est.

Ariel n’avait pas pensé au fait que Flore ne connaissait pas vraiment le lien entre Phil et lui. Devant son air perplexe, il ajouta simplement:

- Philippe.

Ariel n’était pas spécialement satisfait de la réponse de Flore. Il ne s’attendait pas à ce qu’une gamine le prenne pour un idiot mais il resta calme.

- Je pense que tu peux faire un peu mieux que ça Flore.

L’hésitation et l’attitude de Flore lui donnait des informations importantes. Elle devait encore avoir une relation avec son neveu sinon pourquoi est-ce qu’elle tenterait de le protéger comme ça?

- Si je lui voulais du mal je me servirais de quelqu’un avec plus d’expériences.

Ariel savait que simplement dire qu’il ne voulait pas de mal a Phil ne passerait sûrement pas. Il devait faire appel à la logique et ce n’était pas faux. Après tout, s’il voulait s’en prendre à un Solciers aussi haut placé pourquoi prendrait-II le risque de confier cette mission à quelqu’un d’inexpérimentée?

- Et selon ce que tu me dit, tu as l’air de bien le connaître.

Il écoutait attentivement ce qu’elle disait. Ça ne lui apprenait pas grand-chose mais ça ne lui servait à rien de s’énerver. De toute façon, Flore avait visiblement déjà peur de lui. Et puis, il ne devait pas oublier qu’elle était assez jeune même si techniquement elle était adulte. Ariel devait faire attention à ne pas trop la pousser pour qu’elle se ferme. Il était quand même content qu’elle me semblait pas trop tenir de son père ça aurait rendu son travail plus compliqué et pénible.

- Il est vraiment bien et en santé? Il a jamais eu de moment...étranges?

Il devait le savoir. Ariel ne connaissait pas le détail de ce qui avait été fait à Edward, mais il devait s’assurer que c’était bien disparu avec lui. Il ne pouvait pas se permettre ce risque. C’était comme s’il laissait son « patron » se servir de quelqu’un d’autre. Non, le contrat était avec lui et il n’allait pas laisser quelqu’un le doubler.

- Il se parle tout seul parfois? Ou il semble...ailleurs?

C’était un peu compliqué à expliquer après tout.

Ce n’était pas vraiment ce qu’il voulait entendre. Ariel n’aurait visiblement pas le choix d’être plus direct au risque de devoir divulguer plus d’informations.

- Il n’a jamais entendu de voix?

De toute façon, il avait une explication bien claire et réaliste sur pourquoi ce serait le cas.

- Son père a eu ce genre de problèmes alors je préférerais le savoir. Et toi aussi j’imagine comme c’est ton ami. Ça s’est développé assez tardivement chez son père et il y a des risques que ce soit génétique.

Si ce n’était pas le cas ça ne le rassurerait qu’à moitié. S’il était intelligent ou s’il n’était pas si proche de Flore que ça peut-être qu’il ne lui aurait tout simplement pas dit. Mais elle était sa source d’informations la plus accessible pour le moment.

Il avait donc raison de s’inquiéter. Si c’était arrivé une fois rien ne laissait croire que ça s’arrêterait tout d’un coup. Ariel avait eu un bon instinct de ne pas se fier au patron.

- Je veux que tu gardes un œil sur lui Flore et que tu me dises si jamais les choses s’aggravent. Je peux l’aider si jamais c’est le cas mais il faut que tu me tiennes au courant.

Au moins ce n’était pas trop compliquer de savoir ce qu’il voulait. Le jeune âge de Flore lui donnait certainement un avantage et le fait qu’il lui indiquait pouvoir aider Phil en cas de problème lui donnait une bonne raison de le tenir au courant de ce qui se passait. Tout était parfaitement en ordre.

Ariel ne pensait pas pouvoir lui faire entièrement confiance. Elle semblait beaucoup trop hésitante à être honnête avec lui. Il faudrait qu’il joue le jeu adroitement. Qu’il lui fasse comprendre que son neveu était en danger si elle ne menait pas à bien sa mission.

- Je veux que tu gardes un œil sur lui. S’il entend des voix oui, mais aussi si son comportement change. Soyons sérieux, il en te dira probablement rien si son état s’aggrave.

Ariel savait qu’il prenait des risques à essayer de contrer les plans de son patron s’il en avait. Mais depuis le temps il avait bien compris comment celui-ci fonctionnait et que pour protéger son contrat il devait garder une longueur d’avance.

- C’est important Flore. Je ne crois pas que tu voudrais le voir devenir comme son père. Edward était aussi très différent avant que…ce changement se produise chez lui. Philippe pourrait devenir dangereux pour tout le monde et pour lui-même si nous n’intervenons pas si c’est nécessaire.

Ariel ne savait pas vraiment s’il n’aurait pas dû plutôt s’adresser littéralement à Edric. Mais, il n’était pas complètement prêt à étaler ses histoires de famille et se doutait que le Solcier serait beaucoup plus prompt à poser des questions gênantes auxquelles Ariel n’avait pas le droit de répondre.

Elle semblait toujours hésitante mais comprendre de plus en plus la situation. Ariel se doutait qu’elle resterait un peu sur la défensive mais tranquillement il l’amenait pile où il voulait.

- On ne sait pas de quoi il pourrait être capable s’il perdait la raison.

Ça au moins ce n’était pas un mensonge. Ariel avait bien vu ce qui était arriver à son frère. Edward avait longtemps été la personne la plus innocente et adorable qu’il avait connu. Il se souvenait encore clairement de comment il l’avait retrouvé.

***

Une des premières choses que les Black Wings avaient faite était de mettre fin aux opérations de son père. Ils avaient détruit ses laboratoires, voler ses recherches et libérer les sujets. Ariel était la quand ils avaient ouvert la porte de la cellule d’Edward. Son frère était alors encore assez jeune, il était recroquevillé dans un coin de la pièce avec un ours en peluche délavé. Il avait la tête à moitié rasée, le crâne couvert de brûlures. Deux des Black Wings furent tuer ce jour-là, électrocuté lorsqu’ils tentèrent se s’approcher d’Edward.

Ariel ne savait pas à quel point son demi-frère se souvenait de lui. Edward était quand même très jeune la dernière fois qu’ils s’étaient vu et il vivait avec sa mère, contrairement à Ariel qui a l’époque vivait dans la rue.

- Edward…c’est moi.

Edward releva la tête. Ses grands yeux verts remplis d’autant de peur que de colère se posèrent sur son aîné. Ariel fit prudemment un pas. Edward se crispa et recula, se collant autant qu’il le pouvait contre le mur. Ariel arrêta d’avancer, craignant de déclencher une réaction mortelle. Il ne comprenait pas comment Edward faisait ce qu’il faisait, c’était la première fois qu’il voyait de tels pouvoirs.

- Tu sais qui je suis non? Je sais que tu te souviens.

En fait il n’en avait aucune idée mais il voulait qu’Edward essai de réfléchir, qu’il pense à autre chose que la terreur qui le faisait trembler. Edward se crispa de nouveau, comme sous le contrecoup d’un choc. Ariel compris alors, son frère ne contrôlait pas ce pouvoir…il ne devait même pas se rendre compte qu’il était responsable de la douleur qu’il devait ressentir. Ariel sorti de la pièce. Il fouilla dans ce qui restait du laboratoire. Il devait forcément y avoir quelque chose pour maîtriser Edward. Après tout, ils devaient bien pouvoir le sortir de la pour continuer leurs expériences. Il trouva des combinaisons en caoutchouc, leur vision ne plairait certainement pas à Edward… Ariel se contenta d’enfiler les bottes et les gants. Il attrapa une couverture pour masquer ses main et retourna dans la cellule. Edward n’avait pas bougé, mais sous les chocs qu’il s’infligeait il avait laissé tomber son ourson. Ariel se pencha pour le ramasser et lui tendre. Edward réagit enfin. Il tendit une main tremblante pour prendre son ours.

- Je vais te ramener à la maison.  Il faut que tu viennes avec moi maintenant. Mais il faut que tu te calmes.

- Ariel?

***

- Edward était…quelqu’un qui n’aurait jamais dû exister dans cette ville. Tout ce qu’il voulait c’était avoir des amis, il faisait confiance à tout le monde…Je n’étais pas là quand il a réellement changé, mais de ce que j’ai compris, il n’était plus là même personne. Jamais le frère que j’ai connu n’aurait fait toute ces choses.