Like fire and ice [2 ans]

C’était le bordel. Depuis deux ans tout était un bordel dans la vie d’Elliot, et il adorait ça. Il avait essayé d’être policier. En fait, il avait fini par en parler à sa mère et elle avait vite fait de lui sortir cette idée de la tête. Alors, il avait improvisé. Il avait fini par trouver un petit travail au café et continuait à donner des cours de musique. À force de travail, il avait pu louer un petit appartement. Ce n’était pas un coin particulièrement sécuritaire de la ville, mais c’était son chez lui. Un petit une pièce occupée majoritairement par un piano surdimensionné pour l’espace. C’était aussi devenu sa petite école de musique à domicile. Et puis, il y avait un petit marché juste en bas, c’était parfait! Si on oubliait le fait que son lit servait aussi de divan, que son frigo pouvait à peine contenir les restes que sa mère passait son temps à lui apporter et que la douche était si petite qu’il devait se pencher pour se laver les cheveux à l’eau froide (un luxe pour lui, mais pas pour sa colocataire).

Elliot était debout depuis environ une heure. Il s’était servi une bonne tasse de café froide et avait entreprit de replier le divan lit pour pouvoir s’asseoir. Alice était sous la douche, il pouvait l’entendre presque prier pour un peu d’eau chaude.

- Je peux venir te réchauffer si tu veux! lui lança-t-il à la blague.

Il continua tranquillement à lire le journal en écartant la pile de couvertures que sa copine utilisait pour survivre aux nuits dans l’appartement qu’ils partageaient depuis quelques mois. Leur relation avait évolué assez lentement. Ils avaient été de bons amis un bon moment avant qu’il n’ose aller plus loin. Alice avait eu le don de le déstabiliser. Lui qui avait cette habitude d’être froid et distant, elle avait su comment le faire fondre. Ils étaient sortis ensemble régulièrement et puis, quand il avait trouvé cet appartement, il lui avait offert une clef. Elle était finalement venue un soir et n’était jamais repartie depuis. Elliot ne s’en plaignait pas. Il se surprenait même parfois à rêver d’un avenir avec elle alors qu’il la regardait dormir paisiblement contre lui. Quelques années plus tôt, jamais il n’aurait cru le moindre avenir possible à Keth.

Elliot était en train de lire tranquillement. Il n’y avait pas grand-chose de nouveau à Keth. Ça faisait changement des unes désastreuses pleines de meurtres ou autres nouvelles peu agréable à voir le matin. Il entendit Alice l’appeler et était en train de finir de lire une phrase quand elle surgit du mur pour se jeter sur lui. Heureusement que son café était froid. Il en profita quand même pour la serrer dans ses bras. Elle était trempée, et lui aussi à présent, plus de lavage à faire…Peu importe, il ne pouvait pas lui en vouloir. Il en profita pour l’embrasser avant d’être remplacé par une couverture.

- Tu exagères! Il fais pas si froid que ça.

C’était un de leur sujet de « fausse dispute » le plus fréquent. Elliot n’en faisait pas de cas comme ça faisait aussi en sorte qu’Alice se retrouve souvent blottit contre lui.

- Pourquoi tu aurais besoin de vêtements de toute façon, tu es très bien comme ça.

Dit-il avec un petit sourire narquois. Il l’attrapa pendant qu’elle était encore enroulée dans une couverte pour la couvrir de baisers. Il était déjà trempé de toute façon. Malheureusement, ils ne pouvaient pas batifoler ainsi bien longtemps car Elliot savait que sa mère risquait de passer bientôt pour leur apporter à manger. Il ne cessait de lui répéter qu’ils n’en avaient pas besoin, mais Vanessa ne l’écoutait pas et voulait s’assurer que son fils mange bien. Ils avaient bien quelques dizaines de minutes encore à eux.

- Moi aussi j’ai froid, fais-moi une petite place là…

En riant, il glissa une main sous la couverture. Évidemment, Elliot ne pouvait pas avoir froid.

Il ne s’était jamais senti aussi bien depuis très longtemps. En fait, il ne s’était jamais si bien entendu avec quelqu’un. Elliot n’avait jamais vraiment eu de petite amie avant Alice. Il ne s’intéressait pas vraiment aux filles de son âge à l’école. Elles ne semblaient pas intéressantes, sauf peut-être du côté physique. Mais ce n’était pas ce qu’il cherchait. Il avait vu comment ses amis à l’époque agissaient et ne se voyait pas passer son temps à briser des cœurs. Peut-être au fond qu’il avait peur que le sien se retrouve en morceau. C’était jusqu’à ce qu’Alice entre dans sa vie, dansant sous une fenêtre pendant un de ses cours de piano.

Elliot ne se fit pas prier plus longtemps pour enlever son t-shirt. Il se faufila sous la couverture pour coller son corps contre le sien. Il finit par commencer à détacher sa ceinture, bien décidé à passer un très bon moment avec Alice. Leur relation allait aussi très bien physiquement, mais Elliot prenait toujours ses précautions, pas question de se retrouver avec un gamin dans les pattes. C’est pourquoi après un bon moment, il s’écarta un peu à regret et se leva en embrassant Alice.

- Je reviens dans 1 minute.

Il se rendit à la salle de bain et se mit à fouiller dans la pharmacie pour trouver les condoms. Il ne savait pas quand sa mère allait se pointer, mais au moins la porte était verrouillée alors ils avaient un peu de temps. Il finit par mettre la main sur la boîte. Puis, un cri de surprise retenti. Elliot était de nouveau trempé de la tête au pied et couvert de débris de plâtres. Il y avait juste au-dessus de lui un joli trou dans le plafond. On peut simplement dire qu’il n’était plus du tout dans le moment…

Elliot ne voyait qu’un problème, un énorme problème. Comment est-ce qu’ils allaient boucher ce trou? Il n’avait pas l’argent pour ça…et se doutait bien qu’au loyer qu’il payait le propriétaire allait bien s’en foutre. Il ne savait pas par quoi commencer. Les étapes s’emmêlaient dans sa tête et il ne trouvait pas de solution viable. Et voilà une belle journée complètement foutue…l’eau devait avoir faire des dégâts ailleurs en plus c’était certain…et si tout le plafond de l’appartement était affectée? Il ne pouvait quand même pas déménager…pour aller où de toute façon! Bon sang il était en enfer...

C’est le rire d’Alice qui le ramena a la réalité et il retrouva le sourire quand elle passa une main dans ses cheveux pour enlever un peu de plâtre. Elle avait raison au fond, ils allaient réparer tout ça, pas besoin de s’en faire pour si peu. Au moins, il n’avait pas salit de vêtements comme il n’en portait pas!

- T’as raison, c’est juste un trou c’est pas si grave.

Ils allaient le boucher c’est tout! Elliot sauta rapidement sous la douche pour enlever le plâtre qui le couvrait. Ses idées commencèrent à tourner de nouveau, mais il n’eut qu’à repenser au rire d’Alice pour oublier tout ça. En sortant de la douche, il enroula une couverture autour de sa taille et ramassa les morceaux de plafond qui trainaient dans la salle de bain. Il sortit ensuite fouiller dans une armoire de la cuisine qui, faute d’espace, servait de placard pour prendre une chemise propre et des pantalons.

- On pourrait coller un sac de poubelle au plafond pour le moment pour bloquer le vent au moins. Tu penses que quelqu’un à la mine serait capable de réparer ça?

Elliot ne cracherait pas sur ce genre d’aide. Techniquement, Alice « vivait » toujours là-bas et elle s’y rendait encore souvent, surtout pour cuisiner comme leur cuisine était assez rudimentaire.

Elliot s’habilla. Malgré les paroles d’Alice qui se voulaient rassurante, il ne pouvait s’empêcher d’angoisser un peu et d’imaginer le pire. Il n’avait aucune idée qu’au fond il avait eu de la chance de rencontrer Alice encore jeune, il aurait pu finir sur les calmants comme son père si elle n’avait pas été là pour le rassurer si souvent. Il entreprit d’au moins bloquer le trou temporairement et placer un seau en dessous au cas où il se mettrait à pleuvoir. Moins de dégâts à ramasser. Il aida Alice a terminé le ménage de leur combo cuisine-salle a manger-salon-chambre. Au moins, avec un si petit espace il n’y avait pas tant à faire.

Une fois que tout fut ramasser, Elliot s’installa derrière son piano pour se pratiquer comme il le faisait à chaque jour et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il aimait ça, ensuite parce qu’il voulait toujours s’améliorer et être prêt pour ses élèves, mais aussi parce que ça l’aidait à étirer les articulations de ses mains avec lesquelles il avait des problèmes parfois. Il avait d’ailleurs été à la clinique déjà pour voir ce qui n’allait pas. Le médecin n’avait pas pu trouver d’explication satisfaisante. C’était un peu comme si parfois ses articulations se soudaient. Ce n’était pas permanent. Habituellement, en jouant ou en passant les mains sous de l’eau tiède ça réglait le problème pour quelques heures. Elliot n’eut pas beaucoup de temps pour pratiquer ce jour-là car sa mère arriva assez tôt.

Il alla lui ouvrir et la serra dans ses bras en en profitant pour lui prendre les paquets qu’elle transportait. Elle allait encore remplir leur frigo.

- Salut m’man. Tu nous emmènes encore un festin?

Il aurait voulu que sa mère lache prise un peu, mais il ne disait rien car il se doutait que de voir ses enfants partir de façon aussi rapprocher n’était pas des plus agréables. Surtout que le départ de Sarah ne s’était pas fait dans des conditions exceptionnellement bonnes. Il laissait donc sa mère continuer à jouer son rôle et venir vérifier un peu trop souvent s’il était vivant et mangeait convenablement. Elliot ne voyait plus beaucoup son père depuis qu’il était parti de chez ses parents. Il n’y avait rien de négatif entre eux. Simplement, depuis que les enfants avaient quitté la maison, Henry travaillait plus pour ne pas voir trop souvent la maison vide. Il parlait encore à sa sœur, ils se chamaillaient toujours comme avant. Il lui arrivait aussi parfois d’aller dîner avec son oncle. Il avait toujours été assez proche de Lucas. Peut-être parce que c’était lui qui l’avait élevé au début, ou parce qu’ils avaient beaucoup de points communs.

- Tout le monde va bien?

Demanda-t-il en commençant à ranger les plats.

Elliot était bien content que sa mère et sa copine réussissent à s’entendre. La situation aurait pu vite devenir infernale si ça n’avait pas été le cas. Il écouta sa mère lui énumérer tout ce qu’elle avait amené. Décidemment, il n’aurait  pas besoin de faire les courses cette semaine. Il sourit un peu en pensant à son père qui ne serait probablement pas très content de voir que sa crème glacée était portée disparue.

- Je lui ai parlé la semaine dernière au téléphone. Elle avait l’air bien. Elle est toujours avec Adrien. Ils ont leur petite routine et elle veut venir voler ta lasagne dans mon frigo.

Il essayait d’alléger la situation. À chaque fois qu’il parlait à Sarah, il essayait de la pousser à renouer avec leur mère. Ses tentatives n’avaient pas trop porté fruit jusqu’à présent. Sarah était trop obstinée pour passer à autre chose. Mais au moins, elle avait l’air bien, mieux qu’avant en tout cas. Il ne la voyait peut-être pas souvent, mais elle avait toujours l’air en forme et de bonne humeur. Et puis, elle vivait avec son copain, tout paraissait bien aller pour eux.

- Je t’inviterais bien à rester diner, mais on a pas de table alors c’est pas l’idéal. On pourrait aller prendre un café cette semaine si tu veux.

Et puis, il avait des plans avec Alice pour ce jour-là. Il ne travaillait pas alors il voulait passer toute la journée avec sa copine. Il avait une surprise pour elle et espérait que tout fonctionne bien. C’était un gros engagement, mais il avait perdu tellement de temps avant de l’embrasser qu’il était prêt à aller un peu plus vite.

- Laisse lui un peu de temps, tu sais comment elle est. Ça va lui passer.

Elliot avait déjà quitté la maison de ses parents à ce moment-là. Il n’avait donc pas assisté à la dispute finale qui avait conduit au départ de sa sœur, mais il en avait bien ressenti les secousses quand Sarah était venue passer quelques jours chez lui. Il espérait qu’avec le temps tout ça se calmerait, mais ne voyait pas trop de progrès.

- Ok, je t’appel cette semaine pour te dire ça.

Entre temps, il aurait probablement le temps de parler un peu à sa soeur. Elle ne l’écouterait sûrement pas, mais si elle voulait sa lasagne elle n’aurait pas le choix de l’entendre. Elliot « mit sa mère a la porte » avant qu’elle ne puisse voir le désastre dans la salle de bain. Il ne voulait pas lui donner une raison de s’inquiéter pour lui en plus. Il passa ensuite un bon moment à jouer à Tetris dans le frigo pour réussir à tout y mettre. Après avoir poussé sur la porte un bon moment pour s’assurer qu’elle reste fermé, il se tourna vers Alice.


- J’ouvre plus ce truc, un resto ça te dit?

Elliot ne se sentait pas près à nettoyer le dégât qui risquait de se produire lorsqu’il se déciderait à ouvrir le frigo de nouveau. Il fouilla dans ses poches. Hum, de quoi se payer un burger et des frites chacun au resto du coin. Ce n’était pas le plus romantique des dîner, mais c’était quand même une activité de couple! Il attrapa sa veste et sorti avec Alice. Ils descendirent les volées de marches une après l’autre. Vivre au cinquième sans ascenseur c’était bon pour le cardio. Elliot se disait qu’au moins ils n’entendaient personne leur marcher sur la tête. Une fois dehors, il passa un bras autour de la taille de sa copine pour marcher avec elle. Si au début de leur relation Elliot était plutôt distant, il avait fini par prendre l’habitude de se coller un peu plus. Il était quand même encore très loin d’être un pot de colle. Le petit couple marcha jusqu’au coin de la rue. Le restaurant était un simple fast food. Il ne fallait pas trop regarder l’état des lieux, mais les frites étaient parfaites! Ils commandèrent et allèrent s’installer au petit parc un peu plus loin pour manger.

- Hey, je pensais à un truc. C’est con et on est déjà serré je sais...mais on pourrait peut-être avoir un animal. Tu crois pas?

Et voilà, une grosse étape! Évidemment, pas question d’avoir un grand danois dans l’espace où ils vivaient! Mais c’était quand même quelque chose, avoir un animal tous les deux, quelqu’un d’autre de qui s’occuper. Et puis Elliot se disait qu’Alice se sentirait peut-être moins seule ainsi quand il travaillait et qu’elle restait à la maison.

Elliot essaya un moment d’imaginer les dégâts que Dog pourrait causer chez lui. C’était effectivement une très mauvais idée. Même si le chien de son père était plus calme aujourd’hui, il en gardait des souvenirs assez marquant.

- Non non pas un chien. Je pense pas qu’on survivrait à ça. Mais quelque chose de plus petit ça mettrait un peu de vie.

Il avait déjà essayé de mettre des plantes dans l’appartement, mais elles ne survivaient jamais bien longtemps. Elliot n’avait pas du tout le pouce vert. Par contre, il pensait qu’à deux ils seraient capable d’éviter qu’un animal meurt. Après tout, ça ne devait pas être si compliqué. Tu ne pouvais pas l’arroser trop ou pas assez ou le placer au mauvais endroit.

- Mais tu aimerais ça?

C’était une habitude, que certains qualifieraient sans doute de mauvaise, qu’Elliot avait prise. Il cherchait souvent l’approbation de sa petite amie et ne prenait jamais vraiment de décisions sans avoir son opinion. Sans doute était-ce au fond parce qu’il lui arrivait encore parfois de se demander ce qu’elle faisait avec lui. Il n’avait pas grand-chose a lui offrir après tout. Ce n’était pas un défaut bien méchant, ça faisait en sorte qu’ils ne s’étaient encore jamais vraiment disputés. Elliot avait bien vu ce que c’était d’être impulsif avec ses parents et s’appliquait bien à ne pas faire la même chose. Car, même si leur couple perdurait depuis tout ce temps à travers vents et marées on ne pouvait pas vraiment dire qu’ils étaient un modèle. Et puis, il voyait sa soeur aussi, qui n’était pas plus un modèle. Pas qu’il se pensait mieux qu’eux...mais il essayait de faire mieux.

- T’as un truc ici.

Il pris une serviette pour lui essuyer le coin des lèvres. Au fond, il était adorable, mais avec très peu de personnes et Alice était l’une des rares à le voir sous son meilleur jour.

- Ça pourrait marcher un oiseau si tu arrives à le faire taire de temps en temps.

Elliot n’était pas au courant pour le pouvoir d’Alice. Il ne s’était jamais vraiment posé la question. Il savait qu’elle traversait les murs mais ne se doutait pas qu’il pouvait y avoir autre chose. Après tout, peu de gens avaient plus d’un pouvoir. Il avait dit ça pour rire parce qu’il savait bien qu’un piaf c’était bruyant.

- Mouais on pourrait mettre un peu de chauffage pour le garder vivant j’imagine.

Après tout, la plupart des oiseaux étaient généralement assez sensible au froid alors leur appartement ne constituait pas présentement le meilleur habitat possible. Mais Elliot était prêt à faire des sacrifices et vivre à une température normale. Ça ne le blesserait quand même pas, ça serait seulement moins confortable. Il ne réalisait pas vraiment qu’il agissait différemment avec Alice. Elliot trouvait ça naturel d’avoir certaines attentions pour elle et n’avait jamais pensé qu’il était loin d’être aussi sympathique avec la majorité des gens.

- Mais faudra vraiment boucher le trou dans le plafond pour pas qu’il s’enfui.

Et voilà, ça ne lui était définitivement pas sorti de la tête. Elliot n’était pas au même niveau d’anxiété que celui avec lequel son père vivait quotidiennement, mais il en avait un peu hérité et quand quelque chose le dérangeait, même s’il parvenait à l’oublier momentanément, ça n’était jamais bien loin.

Un oiseau semblait la meilleure option. Comme leur appartement n’était qu’une seule grande pièce, il aurait de l’espace et peu d’obstacles. Sauf peut-être le piano d’Elliot qui prenait beaucoup de place. Il aurait aimé pouvoir avoir un peu plus grand...ou au moins avec une chambre séparée du reste, mais même avec ses deux boulots il ne pouvait pas se le permettre. De plus, il refusait obstinément l’aide de ses parents. Au moins, il avait un toit (troué) sur la tête et une jolie fille au bras.

- Il osera peut-être chanter au moins lui.

Lança-t-il à la blague à Alice. Elle était timide, même avec lui parfois. Mais surtout, elle était calme et ça l’aidait beaucoup à rester zen. Bon, l’idée était bonne, mais il faudrait qu’ils économisent un peu pour se payer ça. Elliot termina son burger et se mit à piquer plus ou moins discrètement les frites qui restaient encore à sa copine.

Ils ne sortaient pas beaucoup et Elliot ne faisait pas grand-chose en dehors du travail. Il n’avait pas parlé à ses amis depuis des années. Son monde, s’était Alice et ses élèves, aussi peu nombreux qu’ils fussent. Il n’avait plus vraiment d’ambition ou de rêve. Elliot savait en quoi il était doué, il savait aussi que ça ne le mènerait à rien à Keth. Sans doute aurait-il dû quitter la ville. Pour aller où? Avec quel argent? Les choses ne seraient pas plus facile ailleurs. Au moins, ici il avait sa famille et connaissait bien son environnement. Et puis, les choses s’étaient améliorés dans la ville. Mais, ce n’était certainement pas là qu’il deviendrait pianiste. Il n’aurait jamais suffisamment d’étudiant pour vraiment avoir une école de musique. Il n’avait pas de formation autre que son secondaire. Face à tout ça, Elliot avait en quelque sorte abandonné. Il avait cessé d’espéré et apprenait à vivre avec ce qu’il avait. Comme ça, il n’était pas déçu.

C'était certain qu'ils n'auraient pas les moyens pour un oiseau tout de suite mais ça ne coûtait rien d'aller voir. Elliot finit de manger et se rendit dans une animalerie avec Alice. C'était particulièrement bruyant. Ils passèrent devant les hamsters, les poissons, les chiens. Ils se rapprochaient de la section des oiseaux quand Elliot s'arrêta devant un petit enclos de chatons. Ils étaient adorables...Alice lui tira un peu le bras pour l'entrainer vers les oiseaux. Il y en avait de toute sorte et de tout prix. Elliot n'y connaissait strictement rien.

- Alors j'imagine que...il y en a des mieux que d'autres?

Après tout, elle avait une affinité avec les piafs elle devait au moins connaitre ça. Elliot lui ne pensait qu'à ces adorables boules de poils comparé à ces tas de plumes bruyant. Il n'était plsu trop certains que ce soit une bonne idée. Mais si ça pouvait faire plaisir à Alice.

Elliot n'était pas convaincu mais Alice semblait contente. Il regardait le petit poulet dans sa cage sans trop comprendre ce qu'il avait de différent de celui d'à côté. Il le regarda un peu. Il avait l'air affectueux comme piaf. Elliot s'approcha et l'oiseau se mit aussitôt à paniquer et à lui crier dessus.

- Je pense qu'il m'aime pas...

Qu'est-ce qui lui prenait? Pourtant il ne lui avait rien fait. Il n'était plus certain que ce soit une si bonne idée. S'ils avaient un animal qui ne l'aimait pas ça serait difficile...Et puis à voir le prix ce n'était pas donné ces petites bêtes là et s'était sans doute seulement pour l'oiseau sans la bouffe et autres trucs. Est-ce qu'ils avaient vraiment les moyens pour ça? L'idée lui avait pourtant semblé si bonne au début...Il ne voulait pas décevoir Alice, il trouverait un moyen qu'elle puisse avoir ce qu'elle voulait après tout, il ne devait pas passer pour un gros nul...